LETTRE A NOTRE PERE QUI ETES AU CIEUX
L’image naguère,
Que tu nous renvoyais papa
Ne nous a donné guère
Ca tu ne le sais pas
L’envie de donner un père
A nos futurs enfants.
Papa, ne sais tu pas
Que malgré ta présence
Tu brillais par l’absence ?
Que par ton indifférence
Tu as faussé notre enfance ?
Ah non !! Ne me dis pas
Que c’était de la maladresse
Que tu ne savais pas
Que tu sapais notre jeunesse
Un père ? Mais pourquoi faire ?
Dites moi donc à quoi ca sert ?
Parce que moi, je ne vois guère..
Tu ne nous parlais pas
Sauf pour donner des ordres
Et pous nous emmerder
Quand de rhum antillais
Tu t’étais noyé
Et que tu rentrais, inhibé,
Le cerveau embrumé
Alors d’un coup
Il te venait l’idée
De regarder nos cahiers
De nous interroger,
Et de nous ennuyer
Nous, on était rodé,
Mais on était bien obligé…
On n’osait pas bouger
Fallait qu’on prenne garde
De ne pas prolonger
Cette foutue mascarade…
Alors il fallait trouver
Sous peine de t’énerver
Réponse à tes questions…
Fallait faire attention,
Tu ne les connaissais pas,
Et il fallait répondre
Ce que tu voulais entendre.
Tu parlais tu parlais
Et tu te répétais…
Tu ne t’arrêtais pas…
Nous tout ce que l’on souhaitait
C’est qu’arrive ta limite…
On attendait qu’une chose
Que tu en aies une bonne dose
Pour t’endormir au plus vite
Et que tu nous foutes la paix..
Et lors de vos discordes
Pendant que tu vociférais,
Maman, impassible priait.
De nous, sans te soucier,
Une arme, tu brandissais
Et tu la menaçais..
Parfois nous pleurions..
Nous avions peur pour elle,
Mais elle restait stoïque
Malgré l’instant critique..
Doucement, mais fermement
Elle nous donnait l’ordre,
De nous rendre dans nos chambres…
Nous on voulait entendre,
Craignant que ca déborde…
Enfants terrorisés…
Enfants traumatisés…
Quelle belle image
Pour les enfants que nous étions
Que celle de ce père ânonnant !!!
Et était-ce donc si étonnant
Que lorsque nous primes de l’âge
Qu’alors nous ne souhaitions
Que des enfants sans papas…
Si nous pouvons dire aujourd’hui
Que notre enfance fut heureuse,
C’est bien grâce à maman
Toujours gaie et joyeuse,
Qui a éclairé notre vie
Incontestablement…
Bien sur avec les années
Tu as beaucoup changé..
Tu fus un bon grand père
Ca me rend moins amère..
Quoique, il arrivait parfois
Que tu sois de mauvaise foi..
Tes petits enfants t’ont beaucoup aimé…
Et quand tu es décédé,
Ils t’ont beaucoup pleuré..
Nous, nous avons pleuré
Car tu n’as pas été
Durant toutes ces années
Le père que l’on souhaitait
Celui qu’on méritait…
J’ ai connu ton passé
Tu me l’as raconté…
A presque 37 ans
Cela nous a rapprochés..
Cela m’a intéressé
Et alors j’ai taché
De mettre une certaine distance
Avec mes rancœurs de l’enfance…
J’ai plein de souvenirs,
De grands éclats de rires,
De moments de complicité
Et de félicité…
Mais nous étions déjà grands
Grands, très grands….
Adultes depuis longtemps…
Était-il encore temps ?
Mais je ne peux pardonner
Ni ne peux excuser
Que nos premières années
Aient été ainsi spoliées…
Que par ton incompétence
Et ton indifférence,
Tu aies gâché notre enfance
Et le reste de notre vie,
Puisque cela a suffit
Pour nous ôter toute envie
De vouloir un mari..
Et tu t’en est allé…
Le Bon Dieu t’a rappelé…
Parfois je pense à toi…
Parfois je parle de toi…
Mais je t’en veux surtout ,
D’être incapable de dire :
« Mon père me manque »
Incapable de ressentir
Le vide de ton absence
Ou de regretter ta présence…
Mais j’aime à me souvenir,
Qu’avant de te voir partir
Mon dernier amour,
Que tu appréciais tant,
M’ait enfin fait comprendre,
Que l’on peut être un homme
Et aimer son enfant…
Et quitte à me surprendre,
Que l’amour paternel
Peut être comme..
Si ce n’est aussi beau…
Si ce n’est aussi fort…
Que l’amour maternel..
Il m’a réconciliée avec les hommes…
M’a montré une autre image du père…
Car mon amour est vraiment comme…
L’homme que j’aurai aimé avoir comme père…
Et je me dis que de la haut
Tu dois sans doute nous voir…
Ne t’offusque pas de mes propos
Car tu dois le savoir :
Rien de tout cela n’est faux
Alors réjouis toi :
Car depuis que tu n’es plus là,
J’aime penser que tu veilles sur moi..
Mieux que tu n’as su le faire ici bas…
Et grâce à cela,
Je me dis que ma foi, c’est bien,
J’ai le meilleur des anges gardiens :
C’est mon papa..
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